Sète. Une Ile, des ponts tournants ou levants, une petite Venise disent certains, "l'île singulière".
Nous avons facilement trouvé une place de stationnement dans un parking souterrain, le seul de la ville sous le niveau de la mer, rarement complet hors saison, sa construction au bord du canal ayant beaucoup inquiété et fait "couler" de l'encre. Et s'il n'était pas étanche ? On serait noyés !
Avec un guide sous le bras, bien chaussés, nous nous lançons.
Le fascicule nous rappelle, s'il en était besoin, que c'est la cité des Illustres, celle des Brassens, Vilar, impossible de tous les citer, pardonnez-moi. S'il paraît que certains furent autrefois décriés, on ne peut aujourd'hui les manquer. Tout y passe, ou presque : musées, rues, expositions, bars...
Bienheureux Georges, paix à ton Âme, reposes toi dans le cimetière "des pauvres".
On nous a dit que tu l'aurais préféré à celui "des riches", qui surplombe la méditerranée, nous offrant un panorama grandiose, limite intimidant pour les humbles croyants que nous sommes, rappelant les origines italiennes d'une partie des citoyens, et affichant la réussite de certains immigrés pour qui ce n'était pas gagné d'avance.
Georges, ont-ils donc oublié qu'il te fallait parfois raser les murs pour aller voir tes parents, évitant ainsi les quolibets, les critiques, peut-être même des tomates. Mais pourquoi avais-tu osé devenir un artiste prometteur, et quitter l'île ?
Mais reprenons le cours de notre promenade.
C'est vrai que le centre est magnifique.
Posons-nous face à l'hôtel consulaire, devant le Grand Hôtel (dont l'architecture intérieure mérite vraiment le détour) et admirons les canaux, les splendides façades de certaines demeures. Vous êtes face à un décor magique ! Au petit matin, c'est féérique, pour peu que le soleil soit de la partie, que la tramontane ne soit pas au rendez-vous, et qu'il n'y ait pas encore le fameux concert des klaxons.
En remontant le quai, vous serez vite arrivés au quartier de la Marine, avec son enfilade de restaurants, tous prétendant détenir la meilleure recette des plats traditionnels locaux (celle de grand mère pardi !).
Je repère une table bien placée. Nos deux voisins, finissant leurs apéritifs anisés et, commandant derechef une bouteille de vin du crû, nous conseillent sur le choix dans la carte.
Les huîtres de Bouzigues, ça c'est une valeur sure Monsieur, on est pas là pour rigoler. A Marennes, Cancale ou Prat Ar Coum, elles seraient presque aussi bonnes.
Plus bas dans la carte, la rouille, sauce auréolée de mystère et carrément vénérée, serait capable (ou presque) de tout accompagner. Mais dîtes-moi, fallait-il donc avoir du temps de disponible pour se mettre à farcir des moules ? Les encornets, ça ne suffisait pas ?
En tous cas, loués soient les Anciens, parce que c'est vrai que c'est délicieux.
Lascifs, amarrés aux quais devant les terrasses, les thoniers. Chapelles des mers endormies, véritables objets de culte, ils arborent fièrement sur leurs proues des prénoms de membres de la famille des armateurs.
La pêche au thon prend ici une dimension toute particulière, intimidante, touchant presque le sacré.
Beaucoup en parlent, certains en vivent, bien, très bien même, pas comme les confrères dits de "la petite pèche", dont les bateaux mouillent à l'abri du môle, et qui, nous dit-on, attendraient une décision administrative gaussienne qui viserait à les éjecter d'un site qui pourrait bien devenir LA marina du sud.
"On construirait un hôtel quatre étoiles, on ferait venir des bateaux de luxe, des yachts ! Il y aurait des stars, et du travail !"
Sur les quais, lorsque la criée s'endort, entre filets lovés au soleil et poubelles odorantes, on se plaît à rêver, on débat, on s'enflamme, on dénonce, avis partagés, toujours clamés haut, fort et en couleur, selon l'étiquette électorale de l'orateur.
Espoir pour certains, cauchemar pour tant d'autres. De toutes façons, la "petite pèche se meurt", et on dirait bien que ça ne fait pas pleurer dans toutes les chaumières...
Nous décidons de nous enfoncer dans le centre.
Ça grimpe à certains endroits ! Ah, des rues piétonnes, il était temps, abritons nous !
Car arpenter les trottoirs de Sète ou traverser ses chaussées, même dans les clous, c'est vouloir couper la Concorde, en petite foulée, en semaine à 18h30.
Des voitures, des scooters, il y en a tellement que ça ferait presque Napolitain. Si peu de vélos. Il semblerait que la ville appartienne au chauffeurs.
Le code de la route ? Ah oui, je sais, c'est un bouquin ! Ce n'est pas de l'incivisme nous disaient nos voisins de table, moniteurs d'auto-école. Ici, ils ont fait d'une singularité une généralité. C'est réellement dangereux de conduire à Sète. Vous verrez, enfin, nous ne vous le souhaitons pas. Feux rouges ? Stops ? Lignes blanches ? Passages protégés ? Ah bon, où ça ? De toutes façons, "z'êtes pas de Sète vous, alors..." On imagine facilement le tracas des Forces de l'Ordre, le film d'horreur en 16/9ème avec son haute-définition, pour qui voudrait réguler tout ça.
Finalement, ce n'est pas si singulier, loin de là. C'est simplement insulaire. Il suffit de voyager pour le comprendre... et d'avoir de l'ouverture d'esprit pour l'admettre...
Thauthau.
J'aime la description que tu fais de Sète. C'est du vrai, du vécu, du ressenti. C'est tout ce que la télévision ne nous montre pas. Mets d'autres articles, fais-nous partager tes expériences. C'est la maggie d'internet. J'ai fait la même chose avec mon blog: http://agde-beziers.blogspot.com
RépondreSupprimerMerci JF, croix de bois, croix de fer, http://perfecthau.blogspot.com
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